Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/348

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ques heures ici. Et votre ancien maître, don Mariano Silva, qu’en avez-vous appris ?

— Depuis longtemps déjà il a quitté l’hacienda de las Palmas pour se retirer à Oajaca. Quant à celle del Valle, une garnison espagnole l’occupe toujours.

— Ainsi, de tous côtés, nous sommes entourés d’ennemis ! s’écria le capitaine.

— Arroyo et Bocardo ne sauraient être des ennemis pour un officier porteur de dépêches du grand Morelos, reprit Costal ; puis Votre Seigneurie, Clara et moi, sommes de ces gens que les bandits n’intimident pas.

— J’en conviens… certainement… Cependant, j’aimerais mieux… Ah ! quel est ce cavalier qui galope de notre côté la carabine à la main ?

— Si l’on juge du maître par le serviteur, et que ce cavalier soit au service de quelqu’un, ce quelqu’un doit être l’un des plus grands coquins que je sache. »

En disant ces mots, Costal allongeait la main vers la vieille carabine qu’on lui connaît, et qui ne faisait long feu qu’une fois sur cinq.

Le cavalier qui laissait si mal juger de son maître n’était autre, en effet, que le Gaspacho, celui qu’on a vu apporter à Arroyo des nouvelles de l’hacienda del Valle.

Le drôle s’avançait comme en pays conquis, et, s’adressant au capitaine, qui, en sa qualité de blanc, lui paraissait le seul homme considérable des trois :

« Dites donc, l’ami ! lui dit-il sans daigner porter la main à son chapeau.

— L’ami ! s’écria Costal, à qui la physionomie du Gaspacho eut soudain le don de déplaire plus encore que son abord sans façon ; un capitaine de l’armée du général Morelos n’est pas l’ami d’un homme tel que vous.

— Que dit cette brute d’Indien ? » repartit le Gaspacho d’un air de profond dédain.

Les yeux de Costal, enflammés de colère, promet-