Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/354

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le spectateur d’un étonnement dont il ne saurait se défendre.

Le moment n’est pas venu de décrire en détail ce lieu bizarre, vers lequel la nécessité et le salut de don Mariano Silva et de sa fille les avaient conduits. Nous nous bornerons à dire que les bois dont le lac était entouré présentèrent aux voyageurs un asile impénétrable, d’où il ne fallait pas songer à partir avant le point du jour, qui permettrait de trouver le gué dont, le domestique avait signalé l’existence.

De là, nous reviendrons vers l’endroit où le capitaine don Cornelio, Costal et le nègre achèvent leur sieste, à peu près au coucher du soleil.

Le court crépuscule des tropiques régnait encore, lorsque les trois compagnons de route se remirent en selle pour gagner le gué du fleuve ; mais le plus difficile était de passer devant l’hacienda del Valle sans être aperçus des sentinelles.

« Si nous nous présentions de nuit, dit Costal, nous exciterions plus de soupçons que de jour. Clara ira en avant ; s’il est arrêté par une sentinelle, il demandera pour un marchand et son domestique la permission de passer outre ; s’il n’aperçoit personne, nous continuerons notre chemin sans plus de cérémonie. »

Cet avis fut goûté du capitaine, et lorsque, un quart d’heure après, la route les eut conduits devant la longue et droite allée de frêne et de suchiles à l’extrémité de laquelle s’élevait l’hacienda, Costal et don Cornelio s’arrêtèrent, bien qu’à la rigueur ils eussent pu s’en dispenser, car elle était complétement déserte.

Cependant, pour éviter toute surprise, et surtout pour écarter le moindre soupçon, le noir entra dans l’allée.

Tout y était silencieux et désert en apparence, ainsi que dans le bâtiment, comme le jour où don Rafael allait y trouver, deux ans plus tôt, la désolation et la mort. Mais à peine le nègre eut-il fait une centaine de