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« L’hacienda de San Carlos est-elle loin d’ici ?… leur cria-t-il.

— À un quart de lieue, répondit une voix.

— Y serons-nous bien reçus ?

— C’est selon, » répliqua l’autre cavalier d’un ton dont l’éloignement n’empêcha pas le capitaine de remarquer l’ironie. En même temps il jeta d’une voix forte, au silence de la nuit, quatre mots dont Lantejas n’entendit que les derniers :…Mejico è independencia.

« Il a dit avant : Viva ! n’est-ce pas ? dit le capitaine.

— Il a dit : Muera ! (à bas !) répliqua le nègre.

— Vous vous trompez.

— Je soutiens qu’il a dit : Muera ! »

Et, faute d’avoir osé demander péremptoirement si San Carlos appartenait ou non aux Espagnols, le capitaine resta plus indécis que jamais à ce sujet.

Le temps se passait néanmoins, et Costal ne revenait pas.

« Je vais faire un temps de galop pour voir si je le rencontre, » dit le nègre.

Le capitaine était inquiet de l’absence prolongée de Costal ; et il laissa Clara s’éloigner, avec ordre de revenir au plus vite, si dans un quart d’heure il n’avait pas retrouvé le Zapotèque, sur l’adresse et le courage éprouvé duquel il comptait pour pouvoir se tirer lui-même d’affaire en cas de besoin.

Don Cornelio commença à compter les minutes, depuis le moment où il entendit le dernier bruit des fers du cheval de Clara mourir dans l’éloignement. Le quart d’heure était amplement passé, et, le noir ne revenant pas, le capitaine s’inquiéta de la solitude où il était resté. Pour abréger le temps du retour de son second émissaire, il se mit à marcher lentement dans la direction qu’il avait suivie.

Un second quart d’heure s’ajouta au premier, et, plus sérieusement alarmé cette fois, le capitaine allait s’arrê-