Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/36

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arbres ou suspendus à leurs grosses branches, et personne pour lui expliquer ces bizarreries.

Enfin, à sa grande joie, le bruit des sabots d’un cheval vint tout à coup troubler le lugubre silence de ces solitudes. La terre desséchée résonnait derrière lui. C’était signe qu’un voyageur, encore invisible grâce aux détours d’un chemin qui tournait deux talus escarpés, allait bientôt le rejoindre.

Au bout de quelques instants, en effet, un cavalier se montra et ne tarda pas à prendre place à son côté le long de la route, tout juste assez large pour que deux chevaux pussent y cheminer de front.

« Santos dias ! dit le nouveau venu en portant la main à son chapeau.

Santos dias ! » répondit poliment le second en soulevant le sien à son tour.

La rencontre de deux voyageurs au milieu d’une solitude profonde est toujours un événement, et ceux-ci se considérèrent avec une curiosité mutuelle.

Le cavalier était un jeune homme qui paraissait âgé tout au plus de vingt-quatre ou vingt-cinq ans, et la conformité d’âge à peu près était la seule que les voyageurs eussent entre eux. La stature du dernier arrivé était élevée, robuste et pleine d’élégance à la fois. Ses traits réguliers, et vigoureusement accentués, le feu de ses yeux noirs, la mobilité de ses épaisses moustaches et son teint bronzé, indiquaient de violentes passions et portaient l’empreinte énergique du sang arabe d’où sont sorties tant de familles espagnoles.

Il montait un cheval bai brun dont les formes élancées et nerveuses trahissaient la même origine orientale que celle de son cavalier. Celui-ci le maniait avec une aisance parfaite et paraissait inébranlable sur sa selle, au pommeau de laquelle était suspendu un mousqueton ; une rapière à deux tranchants et à fourreau de cuir pendait au crochet de son ceinturon, de cuir fauve comme