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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/374

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— Don Cornelio Lantejas ajouta Clara.

— Les preuves ! les preuves ! s’écria le guerillero en se promenant comme fait le tigre dans sa cage à l’aspect des spectateurs qu’il ne peut dévorer ; je les veux tout de suite. »

Un violent tumulte se fit entendre derrière la porte, et, parmi des cris confus, retentissait la voix tonnante de Costal ; un homme fut ouvrir, et l’Indien zapotèque s’élança au milieu de la salle un couteau ensanglanté à la main, tandis qu’il portait, roulé au bras gauche comme une espèce de bouclier, un vêtement dont on ne pouvait distinguer la forme. Costal se retourna pour faire face à ses agresseurs ; mais ceux-ci se tinrent immobiles devant leur chef, et l’un d’eux s’écria que cet Indien venait de poignarder un des leurs.

« Je l’ai fait pour reprendre mon bien, répondit Costal, ou pour mieux dire celui du capitaine Lantejas, et le voici. »

En disant ces mots, le Zapotèque déroulait de son bras le dolman dont la perte anéantissait les assertions de don Cornelio, qui reçut, avec une joie que l’on concevra sans peine, cette faveur inespérée du sort.

« Voici mes preuves ! » s’écria-t-il, et il s’empressa de retirer ses dépêches par une large ouverture que le poignard de Costal avait faite dans la dolman avant d’arriver au corps du Gaspacho. Le poignard les avait traversées d’outre en outre, et elles étaient tout fraîchement mouillées du sang du ravisseur ; mais elles portaient avec elles trop de preuves de l’identité du capitaine et de la vérité de ses assertions pour qu’on pût les méconnaître.

Les noms de Galeana et de Morelos furent pour lui, au milieu de ce repaire de bandits, comme le souffle de Dieu pour Daniel dans la fosse aux lions.

Les deux féroces guérilleros s’inclinèrent devant ces noms craints et respectés.