Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/394

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pense de ma vertu, mais j’ai encore la corde en perspective.

— Et moi donc ?

— Toi ! cela ne me regarde pas, et je ne sais qui me retient de te donner autant de gourmades que tu as dit de paroles de trop.

— Je persiste à dire que ta physionomie… »

Le son du clairon, qui annonçait l’arrivée du corps de milice provinciale commandé par le révérend fray Tomas de la Cruz, interrompit Gaspar et vint faire une heureuse diversion au courroux du Zapote, sans quoi il est probable que, pour adoucir leur position, les deux compères se fussent gourmés à outrance.

— Qu’est ceci, mon ami ? cria Juan par le trou de la serrure à la sentinelle, dont il entendait les pas mesurés dans le corridor.

— C’est l’arrivée d’un bataillon de milice, répondit le soldat.

— Ah ! j’espérais que c’était celle du colonel. Vous savez que, s’il arrive, on nous relâche tout de suite.

— Je le sais. »

Les deux associés gardaient depuis longtemps le silence, l’interrompant toutefois de temps en temps par des reproches, lorsque les clairons retentirent de nouveau avec plus de force.

Le Zapote retourna à la serrure.

« Ah ! maintenant c’est notre bien-aimé colonel, j’en suis sûr, mon cœur me le dit, cria-t-il d’une voix pleine de tendresse ; n’est-ce pas, mon brave ?

— Je n’en sais rien, reprit la sentinelle ; mais vous commencez à m’importuner furieusement. Si c’est lui, je vous le dirai. »

Le mouvement qui s’opérait dans l’hacienda gagna bientôt le corridor, et le Zapote entendit le factionnaire échanger quelques mots avec ses camarades tout en continuant à se promener.