Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/400

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du colonel, qui surveillait lui-même ces recherches faites par ses ordres parmi tous les morts entassés ou disséminés dans la cour.

— Avec votre permission, je crois que le voici, mon colonel, » dit un des soldats en approchant sa torche d’un corps enveloppé d’une longue robe noire et blanche.

C’était en effet le malheureux dominicain ; dont, par un juste retour des choses d’ici-bas, une balle de mousquet avait enlevé l’oreille ; ce dont il ne fût pas mort sans doute, si une partie du crâne ne l’eût suivie.

« Que Dieu ait son âme ! dit le lieutenant catalan, quoique, pour lui emprunter une de ses dernières facéties, il soit mort en prêtant l’oreille à la mauvaise cause. »

Après avoir fait en peu de mots l’oraison funèbre du dominicain, Veraegui jeta un coup d’œil mélancolique sur les cadavres étendus devant lui, et parmi lesquels il était constant que ne se trouvaient ni Arroyo ni son associé.

Les royalistes pensèrent donc que les deux chefs s’étaient réfugiés dans les bâtiments de l’hacienda, où il devenait plus dangereux de les poursuivre.

« Allons ! s’écria don Rafael en secouant par le bras le Catalan toujours absorbé dans sa contemplation, il faut en finir avec tous ces brigands, et surtout avec leurs chefs ; ce n’est pas le moment de s’apitoyer.

— Hélas ! reprit Veraegui avec un soupir de regret, je pense que notre provision de cordes neuves ne nous servira de rien : car ceux-ci sont bien morts, et, quant aux autres, il va nous falloir les brûler dans leur repaire ; c’est affligeant.

— N’en faites rien, seigneur colonel, dit le domestique de don Fernando d’un ton suppliant ; mon pauvre maître n’est-il pas au pouvoir de ces bandits, et, s’il est vivant encore, faut-il qu’il soit brûlé comme eux. Tous