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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/399

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Bocardo, devait monter à cheval pour se mettre, à la poursuite de la jeune maîtresse de l’hacienda de San Carlos, ce qui avait été exécuté.

Sans ordres précis qui les dirigeassent, les insurgés hésitaient sur le choix des moyens de défense. Les chefs subalternes, troublés de la responsabilité dont ils étaient chargés, donnèrent des commandements contradictoires. Les uns, ce fut le plus grand nombre, cédant à une terreur invincible, ignorant à combien d’ennemis ils avaient affaire, et pour échapper aux grenades et aux boulets, se réfugièrent dans les étages supérieurs.

Les plus braves, résolus à vendre chèrement leur vie et à se frayer un passage pour aller rejoindre leurs chefs, s’élancèrent par-dessus les débris de la porte. Mais devant eux s’ouvrit un demi-cercle de baïonnettes, de lances et de carabines, qui se resserra pour les écraser.

« Où est ce chien d’Arroyo ? » s’écriait le colonel en chargeant, l’épée haute, les insurgés qui cherchaient vainement à entamer le cercle qui les étreignait ; et, sans attendre la réponse, il fendait le crâne à l’un ou jetait l’autre sans vie à ses pieds d’un coup de pointe de sa longue épée de dragon. « Pas un de ces bandits ne répondra ! poursuivait le colonel en continuant sa terrible besogne ; ni prisonniers ni merci, mes braves ! Tue ! tue !

— Je ne pendrai que par les pieds ceux qui se rendront, » dit le Catalan à haute voix.

En dépit de cette miséricordieuse perspective, aucun des insurgés ne se rendait, et bientôt il n’y eut plus devant la porte et dans la cour de l’hacienda qu’un monceau de cadavres insensibles à la clémence de Veraegui.

Cependant ni Arroyo ni Bocardo ne se trouvaient parmi les morts, que les vainqueurs visitaient consciencieusement.

« Mais où est donc le révérend capitaine fray Tomas de la Cruz ? demanda le vieux lieutenant en s’approchant