Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/420

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Il crut en effet entendre des bruits vagues qui l’inquiétèrent, et il accéléra le pas de son cheval.

Le noir et l’Indien s’étaient engagés dans un massif de grands arbres, et, quand le capitaine l’eut traversé, il entra dans une vaste plaine rase, au milieu de laquelle il se fût trouvé comme le cerf loin de ses fourrés, à la merci des hommes sanguinaires d’Arroyo.

Un chaîne de montagnes pelées bornait la gauche de ces terrains découverts, et en face de lui, quand il eut marché un quart d’heure de plus, se dessina dans l’éloignement, puis bientôt s’étendit presque à ses pieds, une large nappe d’eau sombre et livide.

À cet aspect lugubre, à la vue d’une colline couronnée de brouillards qui s’élevait au milieu de la nappe d’eau, don Cornelio, sans l’avoir jamais vu, reconnut le lac d’Ostuta.

Le hasard l’avait fait arriver là malgré lui, et sa curiosité, soudainement éveillée, devint si pressante, qu’il résolut de la satisfaire. Sa conscience de chrétien lui reprochait bien un peu cette curiosité ; mais le capitaine finit par se persuader que, loin de commettre une faute en assistant pour ainsi dire à une cérémonie païenne, c’était au contraire une œuvre méritoire d’assister à la confusion d’un infidèle.

À peu de distance, un bois sombre et touffu, le même que celui où don Mariano était campé et au-dessus duquel il voyait s’élever le sommet de hauts palmiers, lui parut présenter le point d’observation le plus favorable.

Il pouvait, en montant sur l’un des arbres qui formaient la lisière du bois, dominer l’étendue de la nappe d’eau, et un silence profond lui promettait une sécurité complète.

Il choisit l’arbre au haut duquel il crut pouvoir le plus facilement grimper, attacha son cheval à ses branches basses, et, sa carabine en bandoulière, il grimpa résolû-