Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/425

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Les Sept Dormants eux-mêmes eussent été éveillés de leur éternel sommeil par cet horrible fracas.

Castrillo apparut tout à coup dans la clairière où étaient don Mariano et sa fille. Le découragement et la terreur se peignaient sur sa figure.

« Quel malheur venez-vous nous annoncer ? s’écria don Mariano, frappé de la pâleur de son visage.

— Aucun, seigneur don Mariano, aucun, si ce n’est que nous sommes dans un lieu maudit que nous devons fuir au plus vite, répondit Castrillo.

— Apprêtez plutôt vos armes, car des jaguars hurlent près d’ici.

— Jamais tigre n’a hurlé ainsi, dit le domestique en secouant la tête, et les armes de guerre sont inutiles quand la voix de l’esprit des ténèbres se fait entendre… Écoutez ! »

Ces hurlements, nous l’avons dit, n’avaient d’analogie avec aucun de ceux que poussent les animaux des bois ou des savanes.

« Trop de signes étranges ont marqué le cours de cette nuit, reprit Castrillo, pour qu’il n’y ait pas folie à rester dans un endroit où toutes les lois de la nature semblent renversées, où les morts sortent du tombeau, où des cloches retentissent loin de toute habitation, où enfin le démon hurle dans les ténèbres. Fuyons, seigneur don Mariano, tandis qu’il en est encore temps.

— Et où fuir ? s’écria don Mariano avec angoisse ; cette pauvre enfant est-elle capable de supporter la marche ?

— Pendant que vous prierez Dieu d’écarter le danger qui nous menace, nous chargerons promptement la litière sur les mules, répliqua le domestique ; mais hâtons-nous, il n’y a pas un instant à perdre, car je ne pourrai empêcher mes compagnons de fuir, et moi-même…

— Rester seule ici ! interrompit à son tour Gertrudis