Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/439

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

côté, Gertrudis, dont l’oreille avait avidement saisi au passage le souffle échappé aux naseaux du Roncador, était silencieusement livrée à ses mortelles angoisses sous les rideaux de sa litière.

Costal fut le premier à rompre ce long silence, par suite du désir qu’il éprouvait de se retrouver seul avec Clara sur les bords du lac.

« Quoi qu’il en soit, dit-il, la route est libre maintenant, et le seigneur don Mariano peut reprendre son chemin, si c’est à las Palmas qu’il se rend.

— Nous n’allons pas à las Palmas, reprit l’hacendero avec distraction et en s’avançant de quelques pas pour essayer de se rendre compte de ce qui se passait, sans néanmoins que le bruit de voix confuses qu’il entendait à quelque distance pût éclaircir ses doutes.

— À votre place, je n’hésiterais pas à poursuivre mon chemin, reprit Costal, les moments sont précieux, et… Par les serpents de la chevelure de Tlaloc ! s’écria-t-il avec une surprise mêlée de colère, il y a encore quelqu’un dans ces bois. »

On put entendre, en effet, tout près de là, le craquement des broussailles et des lianes ; puis ces mots furent distinctement prononcés :

« Par ici, compadre, par ici ! J’entends là-bas la voix de l’homme que nous cherchons. Vite, de par tous les diables ! ne le manquons plus cette fois. »

Cette voix n’était connue d’aucun de ceux qui venaient de l’entendre. L’homme à qui les paroles s’adressaient n’avait pas répondu. Le bruit des pas, à travers les halliers, s’affaiblit peu à peu et se perdit dans le lointain.

Costal et Clara échangèrent un regard de désappointement, tandis que l’hacendero, toujours attentif à ce qui se passait autour de lui, faisait de vains efforts pour en trouver la solution.

La lune, qui allait bientôt disparaître derrière les collines, éclairait encore de ses rayons obliques un corps