Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/441

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de son père, et un sourire dédaigneux répondit aux cris de grâce d’Arroyo.

« À quoi bon ? lui dit-il. Antonio Valdez est mort ainsi ; vous mourrez comme lui, je vous l’ai dit à l’hacienda de las Palmas. »

Les éperons du colonel retentirent avec un bruit sinistre contre les flancs du Roncador effrayé ; l’animal se cabra violemment à l’instant où le bandit poussa le cri d’angoisse et de douleur qui venait d’agiter si fortement don Mariano.

Sous un second coup d’éperon le Rocandor poussa un hennissement rauque, fit un bond en avant, puis resta immobile et frémissant. Arroyo, enlevé violemment du sol, retomba lourdement.

En ce moment deux hommes accouraient à toutes jambes. La lune éclairait comme en plein jour la figure du colonel.

Arrivé près de lui, un des hommes s’écria :

« Un instant, colonel ; au nom de Dieu ! ne vous en allez pas encore, nous avons eu trop de mal à vous trouver, mon compère et moi. »

L’homme qui parlait ainsi se découvrit et montra la physionomie militaire de Juan el Zapote, tandis que l’honnête Gaspar le rejoignait tout essoufflé.

Le colonel ne put méconnaître les deux compagnons de ses dangers dans les bois des bords du fleuve, ni oublier que l’un d’eux lui avait donné un avis salutaire en lui indiquant l’endroit où il avait trouvé un refuge.

« Que voulez-vous ? leur dit-il ; ne voyez-vous pas que je ne puis vous écouter ?

— Oui, sans doute, nous sommes indiscrets… Eh ! tiens ! c’est du seigneur Arroyo que vous vous occupez ?… Mais, depuis vingt-quatre heures nous courons après vous et vous nous échappez toujours… J’ai un message de vie ou de mort à vous délivrer.