Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/77

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créant qui a empêché l’effet de mes conjurations ! s’écria l’Indien avec d’autant plus de colère qu’il se sentait battu par le raisonnement du nègre ; quelques minutes de plus et le génie des eaux se montrait à nos yeux.

— Vous avez eu tort d’éteindre le feu si vite, ami Costal.

— J’ai voulu dérober à la vue des profanes le mystère qui allait s’accomplir. Je savais que le génie de la cascade ne se rendrait pas visible.

— Ainsi vous persistez à croire que quelqu’un nous a vus ?

— J’en suis certain.

— Et que ce sont bien des pierres qu’on nous a lancées ?

— À coup sûr.

— Eh bien ! foi de nègre, je croirais tout autre chose.

— Que croiriez-vous ? demanda l’Indien en s’appuyant contre le tronc d’un sumac pour reprendre haleine.

— Je pense, répondit Clara en imitant son compagnon, qu’un peu plus de patience de votre part aurait fait réussir notre affaire. Je gagerais, ajouta-t-il avec un air de conviction profonde, qu’au moment où la nappe d’eau de la cascade renvoyait des lueurs éclatantes de tous côtés et jusqu’aux troncs des deux ahuehuetes qui la couronnent, j’ai vu apparaître au milieu d’elles comme un diadème d’or étincelant. Or, je vous le demande, qui peut porter un diadème d’or au fond de ces bois, si ce n’est l’esprit des eaux ?

— Vous vous trompez, Clara, c’est impossible.

— Je suis certain que j’ai vu ce que je vous dis là, et je pense, en conséquence, que ce que vous prenez pour des pierres était, sans nul doute, tout simplement des pepitas[1] d’or que nous lançait la Sirène aux cheveux tordus.

— Et vous m’avez laissé quitter le fond du ravin sans

  1. Grains d’or natif.