Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/82

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Comme il finissait cette apologie, le dragon tira de sa poche une piastre et l’offrit à l’Indien.

« Merci, dit celui-ci tandis que Clara prenait la pièce, qui ne brilla qu’un instant aux rayons de la lune ; où allez-vous ?

— À l’hacienda de las Palmas ; en suis-je éloigné ?

— C’est selon le chemin que vous voudrez prendre.

— Je veux le plus court, je suis pressé.

— Le chemin qui vous y conduirait le plus sûrement, c’est-à-dire sans crainte de vous égarer, est celui que vous trouverez en remontant le cours de cette rivière, dit Costal, qui, malgré sa rancune contre l’étranger, n’osait donner un faux renseignement à un voyageur en route pour l’hacienda dont il était un des serviteurs. Ce chemin coupe un des détours de ce cours d’eau ; maintenant, si vous eu voulez un plus direct… »

Un de ces accents rauques et saccadés qui, dans le cours de cette soirée, avaient déjà frappé l’oreille de l’officier, vint interrompre les renseignements de l’Indien.

« Qu’est cela ? demanda l’officier.

— C’est la voix d’un jaguar qui cherche une proie, reprit Costal.

— Ah ! dit le dragon, je craignais que… ce ne fût autre chose. Tout à l’heure j’ai déjà entendu ces rugissements.

— Votre chemin le plus court est par là, continua Costal en indiquant du canon de sa carabine le point de l’horizon d’où partait le rugissement du tigre.

— Et vous dites que c’est le plus court ?

— Oui.

— Eh bien ! merci ; j’en profite. »

L’officier, à ces mots, rassemblait dans sa main gauche les rênes de son cheval, prêt à suivre la direction indiquée, lorsque l’Indien l’arrêta.

« Écoutez, seigneur cavalier, dit-il avec plus de cor-