Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/101

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le coude. J’ai pris là-bas de quoi payer votre rifle au comptant. »

Et Pepe montrait à Fabian d’un air de triomphe un grain d’or gros comme une noix, seul emprunt qu’il se fût permis de faire à ce prodigieux amas de richesses, quand il l’avait foulé aux pieds pour le dérober aux yeux des hommes.

Au moment où les trois amis allaient descendre de la plate-forme pour se diriger vers l’endroit où ils avaient laissé Gayferos, le silence de la nuit leur permit d’entendre le galop d’un cheval retentir sur le terrain sonore de la plaine.

Une émotion poignante vint frapper le Canadien au cœur, mais il cacha le trouble qu’il ressentait intérieurement.

« C’est sans doute, dit-il sans l’oser croire lui-même, quelque fugitif du camp mexicain qui s’enfuit de ce côté.

– Plaise à Dieu que ce ne soit pas pis ! reprit Pepe ; je ne suis étonné que d’une chose, c’est que la nuit ait été si tranquille, quand il y a non loin d’ici des Indiens rôdeurs, des blancs plus avides que les Indiens, et ces trésors damnés près de nous.

– Ah ! j’aperçois le cavalier, dit Fabian à voix basse ; mais la nuit est si noire, depuis que la lune est couchée, que je ne puis distinguer si c’est un ami ou un inconnu. C’est un blanc, j’en suis sûr, du moins. »

Le cavalier continuait à galoper, et sa course semblait devoir le faire passer loin de la pyramide, quand il fit un brusque détour et s’élança vers le sépulcre indien.

« Holà ! l’ami, qui êtes-vous ? cria Bois-Rosé en espagnol.

– Un ami, comme vous dites, répondit le cavalier dont chacun des trois chasseurs reconnut la voix : c’était celle de Pedro Diaz. Écoutez-moi tous trois, cria-t-il, et faites votre profit de ce que je vais vous dire.

– Voulez-vous que nous descendions vers vous ? demanda le Canadien.