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LE
COUREUR DES BOIS


DEUXIÈME PARTIE

CHAPITRE PREMIER

OÙ LES CHACALS VEULENT AVOIR LA PART DES LIONS.


Dans le tumulte des scènes terribles qui viennent de se passer, Fabian, Bois-Rosé et le chasseur espagnol avaient complétement oublié pendant quelques instants la disparition de Baraja et d’Oroche.

On a suffisamment entrevu les pensées secrètes qui germaient dans le cœur des deux vauriens, quelque temps avant la catastrophe grâce à laquelle ils se trouvaient séparés de leurs compagnons : il est facile dès lors de pressentir leurs dispositions mutuelles quand ils vont se trouver seuls.

Le premier coup de carabine qu’ils entendirent en fuyant (c’était celui qui venait d’abattre le cheval de don Estévan avec ses deux cavaliers) eut un joyeux retentissement au dedans de leur cœur. Un des possesseurs du secret merveilleux était sans doute réduit au silence de la mort. L’autre n’allait pas tarder probablement à porter son secret dans un monde meilleur, où l’on n’a plus souci de l’or de la terre.