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« Il y avait donc quelque insecte venimeux dans ces fleurs ? lui demanda le sénateur quand il l’eut rejointe.

– Oui, » dit avec effort Rosarita, qui sentit ses joues se colorer de la pourpre des fleurs qu’elle venait de jeter.

Nous en savons assez maintenant des sentiments secrets de doña Rosarita, pour ne plus la suivre pas à pas dans ce voyage.

Nous laisserons donc arriver la cavalcade, le matin du quatrième jour, tout près du Lac-aux-Bisons, où nous devons la précéder.



CHAPITRE XVI

LE CHASSEUR DE BISONS.


La rivière de Gila, après avoir traversé la chaîne des Montagnes-Brumeuses, vient jeter l’un de ses bras dans la Rivière-Rouge ; celle-ci, après un parcours d’environ cent quatre-vingts lieues à travers le Texas et le pays de chasse des Indiens Caïguas et Comanches, se jette à son tour dans le golfe du Mexique.

À soixante lieues de l’hacienda del Venado, et à une demi-lieue à peu près de l’endroit appelé la Fourche-Rouge, s’étend une vaste forêt de cèdres, de chênes-lièges, de chênes, de sumacs et de palétuviers.

Depuis sa lisière jusqu’à la fourche, le terrain ne présente plus qu’une plaine garnie d’herbes si hautes et si touffues, qu’un cavalier sur son cheval dépasse à peine de la tête ces vagues onduleuses de verdure.

Dans l’un des réduits les plus secrets de la forêt, et sous les plus sombres arcades formées par la cime de ses grands arbres ; sur les bords d’une mare si vaste qu’on