Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/228

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aller battre bien loin de là les bords de la rivière, en quête de leur monstrueux gibier.

« Eh bien, qu’est-ce, Oso ? dit Encinas à son dogue, qui hurla de nouveau ; y a-t-il quelque Indien dans les environs ?

— Des Indiens ! s’écria Rosarita avec effroi ; en est-il donc venu de ces côtés ?

— Non, madame, dit Encinas, il n’y en a nulle trace dans les environs, à moins qu’ils n’aient sauté comme les écureuils ou les chats sauvages de la cime d’un arbre sur un autre ; mais ce chien… »

Et le chasseur de bisons suivait de l’œil les mouvements d’Oso, dont les yeux devinrent rouges un instant et le poil se hérissa, et qui, après s’être élancé avec fureur et avoir fait deux ou trois bonds en avant, revint s’enfouir sous l’herbe, plus tranquille, mais en grondant toujours.

Le dogue ne hurlait pas ainsi sans motifs ; Encinas s’empressa néanmoins de rassurer ses auditeurs.

« Ce chien, reprit-il, est dressé à combattre les Indiens sauvages, et il les sent de loin ; cependant il s’est tu, c’est signe qu’il a été dupe un moment de son instinct. Maintenant, il ne nous reste plus qu’à prendre congé de vos seigneuries, et leur souhaiter bonne et heureuse chasse. »

Pendant qu’Encinas sanglait son cheval et que, après avoir donné une poignée de main au novice, orgueilleux de serrer une main si fatale aux Indiens, il se préparait à se mettre en selle, ainsi que ses trois compagnons, Rosarita parlait vivement à l’oreille de son père. Don Augustin haussa d’abord les épaules ; puis, jetant sur la figure suppliante de sa fille un regard de tendresse, il sourit et parut céder.

« Dites-moi, mon ami, ajouta-t-il tout haut en s’adressant à Encinas comme au plus considérable des quatre chasseurs de bisons, vous n’êtes pas, je présume, sans