quente pas les cavales, parce qu’il est seul de son espèce et qu’il ne saurait se reproduire. »
Les hommes de tous les pays sont naturellement portés à croire au merveilleux, et surtout ceux qui vivent dans les solitudes, où l’infériorité humaine, en face de la nature, se fait plus vivement sentir que dans les villes ; les auditeurs d’Encinas le prièrent de leur donner sur le Coursier-blanc-des-Prairies tous les détails qui seraient venus à sa connaissance.
« Tout ce que je puis vous dire, continua le chasseur de bisons, c’est que, depuis longues années, tous les vaqueros du Texas ont vainement essayé de l’atteindre ; que cet animal a les sabots plus durs que la pierre à feu ; que, quand on le suit de loin, on ne tarde pas à le perdre de vue, et que, lorsqu’on le suit de trop près, on ne revoit plus personne, pas plus que personne ne vous revoit. J’en sais quelque chose.
– Est-ce que vous l’auriez poursuivi ? s’écria le novice.
– Pas moi, mais un chasseur texien, qui me l’a raconté.
– Et vous allez nous le raconter à votre tour, s’empressa de dire le novice en se frottant les mains. Holà ! Sanchez, versez un coup d’eau-de-vie au seigneur Encinas ; il n’y a rien de tel pour donner de la mémoire.
– Ce jeune homme est plein d’excellentes idées, s’écria le chasseur. Je vous dirai donc ce que je sais.
« Un Anglais, un assez drôle d’original ma foi, voyageant avec une sorte de tuteur non moins original que lui, avait offert mille piastres (5,000 fr.) à ce chasseur, s’il pouvait lui amener ce fameux coursier blanc dont il avait ouï parler.
« On voulut dissuader le Texien d’un projet si dangereux à exécuter ; mais il n’en persista pas moins dans ses idées, et s’occupa de se procurer le cheval le plus rapide à la course et le plus vigoureux parmi ceux qu’il connaissait.