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étincelles aux cailloux des plaines, » objecta le novice.

L’Anglais haussa les épaules et ne répondit rien.

« Seigneur étranger, dit Encinas, il n’est pas un de nous qui n’expose journellement sa vie pour quelques piastres dans des entreprises que l’homme peut mener à bonne fin, mais non pas dans celles où l’audace et la ruse échouent contre une puissance surnaturelle.

– Bon, dit froidement l’Anglais ; demain au point du jour vous m’indiquerez la trace du Coursier-Blanc, et je la suivrai seul.

– Peut-être feriez-vous mieux de renoncer à une poursuite où des dangers de toute espèce vous environnent sans cesse.

– Des dangers ! dit l’Anglais en souriant ; j’ai payé ce chasseur kentuckien pour les écarter de ma route : c’est lui seul que les dangers regardent.

– Oui, ajouta flegmatiquement le Kentuckien, j’ai pris les dangers de ce voyageur à forfait.

– Et vous ne craignez rien avec lui ?

– N’ai-je pas payé pour ne rien craindre ? »

Ces mots terminèrent la conversation, et les deux étranges compagnons, dont l’un était assez follement brave pour s’en rapporter complétement aux clauses de son contrat d’assurance, s’étendirent sur l’herbe, sans daigner dresser leur tente ; les vaqueros s’étaient recouchés aussi, et le silence le plus profond régna dans les bois et sur les bords herbus du Lac-aux-Bisons.



CHAPITRE XIX

LA CHASSE AUX CHEVAUX SAUVAGES.


Aux premières clartés du jour, les chasseurs de bisons, les vaqueros et les voyageurs étaient déjà sur pied. Assis