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Tout était calme alentour, et le silence de la nuit n’était interrompu de loin en loin que par les animaux libres naguère, captifs maintenant, et destinés bientôt à obéir au fouet et à l’éperon. La lune laissait tomber ses rayons obliquement, et leur pâle lueur, qui donnait une teinte argentée à la nappe tranquille du Lac-aux-Bisons, formait un agréable contraste avec le reflet de la flamme rougeâtre et mobile du foyer. Non loin de la rive, cette double lumière éclairait aussi les tentes dressées pour les maîtres, et laissait voir autour d’eux leurs nombreux serviteurs étendus sur l’herbe.

Tel était le tableau que présentait le lac ; jamais il n’avait offert un aspect plus pittoresque et plus tranquille à la fois.



CHAPITRE XX

LA CACHE DE L’ÎLE-AUX-BUFFLES.


Le second soir qui suivit les dernières scènes de la chasse aux chevaux sauvages, cinq hommes remontaient le cours de la Rivière-Rouge, par groupes séparés.

De l’endroit où se trouvaient ces divers personnages, disséminés sur un espace d’environ une demi-lieue, il y avait à peu près un jour de marche jusqu’au val d’Or et une distance, jusqu’au Lac-aux-Bisons, qu’un bon piéton pouvait franchir en deux journées.

Le Rio-Gila, dans le parcours que nous avons indiqué, c’est-à-dire depuis sa sortie des Montagnes-Brumeuses jusqu’à la fourche de la Rivière-Rouge, traverse les accidents de terrain les plus variés. Tantôt ses eaux bouillonnent et mugissent entre des berges à pic, sur un fond