Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/271

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caution de tendre une couverture de laine à l’endroit que leurs pas allaient fouler.

Une petite clairière, tapissée d’un gazon fin et serré s’ouvrait devant eux, et, à l’aide d’autres couvertures dont ils étaient abondamment pourvus, ils couvrirent d’un vaste et moelleux tapis presque toute sa surface.

Un homme qui n’eût pas connu tous les incidents de la vie du désert eût été fort intrigué par ces mystérieux préparatifs. Mais l’Indien savait ce qu’allaient faire les deux pirates, et il cessa de les observer pour songer à se cacher mieux lui-même jusqu’au moment de leur départ.

L’Île-aux-Buffles paraissait si complétement déserte qu’à peine les deux bandits daignèrent-ils jeter un regard autour d’eux, et ce ne fut que par pur acquit de conscience qu’ils semblèrent prendre cette simple précaution.

Les buissons qui environnaient la petite clairière furent également mis sous l’abri de plusieurs couvertures, de manière à éviter que les deux pirates n’en froissassent les branches dans leurs allées et venues. Alors Main-Rouge traça avec son couteau, sur la partie de la clairière restée découverte, un cercle d’environ un pied et demi de diamètre, et à l’aide d’une bêche dont il s’était muni, il enleva adroitement la motte entière de gazon comprise dans ce cercle, et la déposa soigneusement sur l’une des couvertures.

Sang-Mêlé, armé d’une pioche, vint ensuite seconder son père, et tous deux commencèrent à creuser le rond mis à découvert, ayant soin de déposer chaque pelletée de terre qu’ils en retiraient sur un cuir de buffle à côté d’eux.

Lorsqu’ils eurent atteint une profondeur d’environ quatre pieds, ils s’occupèrent à évider le trou circulairement, afin de lui donner la forme intérieure d’un dé à coudre. Ce travail leur demanda quelques heures, au