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CHAPITRE XXIV

LES NAVIGATEURS DE LA RIVIÈRE-ROUGE.


Le jeune Comanche portait des regards pleins de bienveillance sur la noble figure du Canadien.

« Le danger est encore éloigné, lui dit il en montrant du doigt la partie de l’est où la fumée des bivacs indiens s’élevait en spirales presque invisibles ; le Comanche suivra ses nouveaux amis dans l’Île-aux-Buffles, et là ils allumeront le feu du conseil pour décider ce qu’ils devront faire. Allons. »

Le coureur des bois et l’Indien traversèrent le gué de la rivière pour aller rejoindre Pepe et le gambusino, qui attendaient avec d’autant plus d’impatience le résultat de cet entretien, qu’ils ne pouvaient en entendre un seul mot.

L’Indien toucha cérémonieusement la main des deux blancs, et tous quatre se dirigèrent vers le foyer, près duquel les trois chasseurs avaient pris leur homérique repas. Ils se trouvaient maintenant dans une disposition d’esprit bien différente de celle où ils étaient naguère. La nourriture avait rendu la force et la souplesse à leurs membres fatigués, et la possession de leurs nouvelles armes avait rappelé dans leur cœur la confiance et l’énergie.

Le jeune Comanche prit à la hâte sa part du buffle, qu’il dit avoir été tué par un Indien de la bande de Sang-Mêlé, et Bois-Rosé profita de ce moment pour communiquer à ses deux compagnons ce qu’il venait d’apprendre.

« Ce sont de graves et fâcheuses complications, dit le