Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/34

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l’êtes doit être esclave de sa parole. J’exige donc, avant de vous rendre la liberté, que vous vous engagiez sur votre honneur à ne jamais révéler à personne l’existence du val d’Or.

– Je n’avais espéré de la conquête de ce trésor, répliqua mélancoliquement le noble aventurier, que l’affranchissement et la grandeur de mon pays. Le triste sort qui menace l’homme dont j’attendais la réalisation de mes espérances ne fait plus de celles-ci qu’un vain rêve… Que toutes les richesses du val d’Or restent à jamais enfouies dans ces déserts, peu m’importe à présent. Je jure donc et m’engage sur l’honneur à n’en jamais révéler l’existence à qui que ce soit dans le monde. J’oublierai même que je les ai vues un instant.

– C’est bien, dit Bois-Rosé, vous pouvez partir maintenant.

– Pas encore, si vous voulez le permettre, repartit le prisonnier. Il y a dans tout ce qui vient d’avoir lieu sous mes yeux un mystère que je ne cherche pas à m’expliquer… Mais…

– C’est bien simple, par Dieu ! interrompit Pepe ; ce jeune homme, dit-il en montrant Fabian…

– Pas encore, ajouta solennellement celui-ci en faisant signe au chasseur espagnol d’ajourner ses explications ; dans la cour de justice qui va s’ouvrir en présence du juge suprême (Fabian montra le ciel) par l’accusation comme par la défense, tout deviendra clair aux yeux de Diaz, s’il veut rester avec nous. Dans le désert, les minutes sont précieuses, et nous devons nous préparer par la méditation et le silence à l’acte terrible qu’il va nous falloir accomplir.

– C’est précisément la permission de rester que je veux obtenir. J’ignore si cet homme est innocent ou coupable. Tout ce que je sais, c’est qu’il est le chef que j’ai librement choisi, et que je resterai avec lui jusqu’à ses derniers moments, prêt à le défendre contre vous au prix