Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/35

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de ma vie s’il est innocent, prêt à m’incliner devant la sentence qui le condamnera s’il est coupable.

– C’est bien ! vous entendrez et vous jugerez, dit Fabian.

– Cet homme est un des grands de la terre, continua tristement Diaz, et il est là dans la poussière, garrotté comme un criminel de bas étage.

– Défaites ses liens, Diaz, reprit Fabian ; mais n’essayez pas de dérober à la vengeance d’un fils le meurtrier de sa mère, et prenez la parole de don Antonio de ne pas fuir ; nous nous en rapportons à vous à cet égard.

– J’engage pour lui mon honneur qu’il ne fuira pas, répondit l’aventurier, pas plus que je ne l’aiderai à fuir moi-même. »

Et Diaz s’achemina rapidement vers don Estévan.

Pendant ce temps, Fabian, le cœur plein de tristes et graves pensées, s’assit à l’écart en gémissant de sa douloureuse victoire.

Pepe détournait la tête et semblait contempler attentivement les jeux du brouillard à la crête des Montagnes-Brumeuses.

Quant à Bois-Rosé, dans son attitude ordinaire au repos, ses regards remplis de sollicitude se concentraient sur le jeune homme, et sa physionomie paraissait refléter les nuages qui s’amassaient sur le front de son enfant bien-aimé.

Diaz avait rejoint don Estévan.

Qui pourrait dire les pensées tumultueuses qui naissaient et mourraient tour à tour dans l’âme du seigneur espagnol couché sur la poussière ?

Ses yeux avaient conservé le même orgueil qu’aux jours de prospérité où il rêvait de conquérir et d’octroyer un trône à l’héritier déchu de la monarchie espagnole.

Cependant, à la vue de Diaz, qui semblait avoir aban-