Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/366

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pression de ses doigts de fer, fut pour le géant l’affaire d’un clin d’œil. Bois-Rosé reprit haleine et de sa voix tonnante :

« À moi, Pepe ! » s’écria-t-il en recouvrant la parole avec le souffle.

En même temps la lourde crossé de son fusil s’abattait sur la tête d’un second ennemi, qui tomba pour ne plus se relever ; et les buissons, froissés par un choc impétueux, s’ouvrirent près de lui pour donner passage à l’Espagnol.

« Le chien n’aboiera plus, dit Pepe en coupant la gorge à l’Indien que le coup de Bois-Rosé venait d’abattre.

– Mordieu ! vous perdez votre temps, s’écria le Canadien ; ai-je l’habitude de frapper sans tuer ? »

Tout en parlant ainsi, il ajustait l’un des trois autres Indiens qui fuyaient ; Pepe en faisant autant. Les deux coups de feu partirent ensemble, mais sans résultat : les Apaches venaient de disparaître derrière les taillis. Quand les deux chasseurs désappointés s’élancèrent au hasard derrière eux, trois corps noirs sautèrent dans l’eau et disparurent sous les troncs flottants de la rivière.

« Du diable s’ils se dépêtrent de là ! dit Pepe pour se consoler.

– En avant, là-bas ! cria le Canadien au moment où Gayferos les rejoignait et où un groupe de cavaliers indiens galopant sur la rive opposée en remontait le cours de l’eau ; c’est là-bas qu’on a besoin de nous. »

Quelques coups de fusil continuaient à se faire entendre, mêlés à un cri de guerre qui dominait le tumulte.

« Entendez-vous le cri de bataille de cet intrépide jeune homme ?

– Oui ! répliqua Pepe. Poussons le nôtre aussi, pour lui faire voir que nous arrivons à son aide. »

Le Canadien et Pepe poussèrent à leur tour leur hur-