Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/371

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– Il est captif, ajouta douloureusement Bois-Rosé.

– Mais, Dieu merci, nous sommes sur les traces de don Fabian de Mediana, continua vivement le carabinier, et nous avons tellement affaibli ces coquins en les poursuivant, que nous l’arracherons à leurs griffes. »

La voix de Pepe, sa confiance dans la réussite de leur tentative, étaient toujours pour son vieux compagnon de périls comme un baume versé sur ses blessures, et, après ce moment de tristesse, Bois-Rosé reprit bientôt aussi son énergique assurance et sa résignation stoïque.

À l’exception d’une balafre longue, mais peu profonde, sur la poitrine du jeune Comanche, il était maintenant sain et sauf, quoique encore trop affaibli pour reprendre sa marche. Des dix guerriers qu’il avait amenés avec lui, sept lui restaient encore et se trouvaient de nouveau réunis sous ses ordres ; le jeune chef et les quatre blancs composaient donc une troupe aguerrie et résolue de douze combattants.

Après une heure de sommeil pris sur les bords du fleuve, les premières teintes du crépuscule matinal commencèrent à éclairer le bois. Rayon-Brûlant était complétement remis, et la troupe résolut de reprendre sa route.

Comme les Apaches, malgré leur fuite, pouvaient être disséminés dans les environs et en quête d’une revanche, Bois-Rosé fut d’avis qu’au lieu d’affaiblir la petite troupe en envoyant quelques hommes à la recherche de la barque, il fallait remonter la rivière sans se séparer, de crainte de quelque surprise.

Quoique le canot fût trop étroit pour contenir douze passagers (il n’avait pu qu’avec difficulté en amener dix), c’était encore le mode le plus prompt et le plus commode, à défaut du cheval. Pour franchir de longues distances, il était certainement moins rapide que les jambes d’un marcheur vigoureux ; mais il offrait au moins cet avantage, que les voyageurs pouvaient alter-