Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/374

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Alors il avait poussé les hurlements du hibou, que ses alliés avaient pris pour les signes avant-coureurs de l’aurore ; mais il y avait dans ces cris nocturnes certaines modulations qui échappèrent à l’oreille de Bois-Rosé, et que devaient comprendre seuls ceux dont elles avaient pour but d’éveiller l’attention.

Rayon-Brûlant ne s’était pas trompé en supposant ses guerriers à peu de distance de lui. Les Comanches avaient découvert la trace des Apaches et la suivaient, quand les modulations particulières que le silence des bois laissa venir jusqu’à eux les avertit de l’arrivée de leur chef.

La réponse ne tarda pas à se faire entendre, et, au bout de quelques minutes, six Indiens l’avaient rejoint. Il avait alors partagé sa troupe en trois détachements.

Le premier, composé de deux hommes, avait gagné le bord de la rivière. Tous deux s’étaient blottis sous l’un des troncs d’arbres qu’elle charriait, et se laissèrent entraîner intrépidement par le courant qui les portait au milieu des ennemis qu’ils allaient attaquer.

Pendant ce temps, Rayon-Brûlant, avec deux autres guerriers, traversaient le fleuve au delà de la Passe-Étroite et venait s’embusquer sur la rive gauche, au pied de l’un des talus élevés qui servaient comme de pilastres à l’arche tronquée formée par les deux berges.

Enfin les quatre autres Comanches prenaient sur la rive droite une position semblable.

Lorsque le jeune et vaillant chef avait supposé que les deux Indiens qui s’étaient confiés au courant du fleuve devaient être à une courte distance de la passe, sinon à la passe elle-même, il avait gravi la berge en silence, tandis que ceux de ses guerriers qui étaient postés sur l’autre rive gravissaient en même temps la berge opposée. Au sommet de ces deux berges, les Apaches sans défiance attendaient impatiemment l’arrivée du canot.