Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/375

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quelques coups de fusil presque à bout portant, et dont chacun avait tué ou blessé un ennemi, les hurlements des assaillants, qui semblaient sortir de la bouche de vingt guerriers, avaient jeté l’effroi parmi les Apaches. La plupart, surpris, effrayés par cette attaque aussi imprévue que furieuse, avaient voulu fuir ; mais, trouvant la retraite fermée par des ennemis dont l’obscurité de la nuit les empêchait de compter le petit nombre, ils s’étaient élancés dans le fleuve.

Là, les deux Indiens, postés sur leur tronc d’arbre échoué, en avaient massacré deux ou trois et porté parmi leurs compagnons la terreur à son comble.

Cependant, du côté opposé à celui que Rayon-Brûlant, sa hache à la main, venait de gravir seul tandis que ses guerriers s’étaient imprudemment élancés à la pour suite des fuyards, l’Antilope, resté le dernier des siens, avait pu compter enfin les ennemis auxquels il avait affaire.

L’Apache résolut de se venger du moins du renégat de sa nation, dont l’inimitié avait déjà été si fatale à sa peuplade, et, comme on l’a vu, il eût réussi, si les Comanches, abandonnant une vaine poursuite, ne fussent revenus si promptement, et surtout si à temps, prêter secours à leur chef.

Bois-Rosé, après avoir de nouveau complimenté le jeune guerrier de sa victoire, n’avait plus rien à apprendre de ce côté. Ce fut alors qu’il interrogea Pedro Diaz sur les aventures qui l’avaient réuni aux guerriers de Rayon-Brûlant. Diaz le satisfit en peu de mots.

Après avoir jeté aux trois chasseurs, au sommet de leur pyramide, l’avis incomplet qui les avait fait se tenir sur leurs gardes, il avait erré presque au hasard dans la direction de la Fourche-Rouge. Livré à ses propres ressources, l’aventurier, plus intrépide partisan que chasseur habile, n’avait pas tardé à sentir aussi les atteintes de la faim. Au bout de la seconde journée de marche, il