Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/385

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– À la chute du jour, descendant le fleuve en canot.

– Étaient-ils seuls ? demanda vivement Pepe, à la vue du Canadien que l’émotion faisait pâlir.

– Oh ! non, il y avait une dizaine d’Indiens avec eux : ces coquins ont l’art de recruter dans ces déserts une foule de bandits de leur espèce.

– Et il n’y avait pas aussi un jeune blanc ? s’écria le Canadien, en comprimant les battements précipités de son cœur.

– Je n’oserais rien affirmer, ni pour ni contre, » répliqua Wilson.

Cette réponse évasive atterra Bois-Rosé, dont la figure trahissait la douleur.

« Il y était, il devait y être ! s’écria impétueusement Pepe.

– Il n’y était pas, murmura douloureusement Bois-Rosé.

– Il y était, vous dis-je, reprit l’Espagnol, c’était au crépuscule, ce chasseur aura mal vu.

– C’est possible, dit flegmatiquement le yankee.

– Vous l’entendez, Comanche, continua Pepe avec feu, hier Sang-Mêlé, Main-Rouge, ces deux démons de l’enfer, descendaient le fleuve en canot. En route ! d’ici à quelques heures nous les aurons rattrapés. Mort et sang, les savoir si près de nous ! Sir Frederick, continua l’Espagnol, si le cœur vous en dit, venez avec nous, et vous assisterez à une sanglante bataille.

– Si vous voulez embrasser une cause sacrée, s’écria Bois-Rosé, qui avait repris quelque empire sur lui-même, celle d’un père qui cherche à arracher à une mort affreuse le fils que Dieu lui a ôté, venez avec nous, et Dieu vous rendra un jour ce que vous aurez fait pour le père et pour l’enfant.

– C’est contre nos conventions, fit observer Wilson. Sir Frederick, voici qui va vous regarder personnellement, et vous me donnerez décharge par écrit.

– Je vous la donne à la face de tous, dit l’Anglais,