Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/387

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à côté de lui sa carabine. Certains alors qu’il ne restait plus d’armes à feu aux deux chasseurs et qu’ainsi il ne sauraient être à craindre, les assiégeants s’étaient précités sur Fabian. L’Apache qui gisait près de lui n’était plus qu’un cadavre. On jeta dans le gouffre de la cascade les trois Indiens qui venaient de succomber ; quant à Fabian, il était facile de voir qu’il vivait encore.

Satisfait de ce succès, le métis commença cependant à récapituler ses morts. Sur onze Indiens qu’il avait amenés, six avaient été tués, y compris ceux désignés par le sort : Baraja faisait la septième victime. Tout à coup un hurlement retentit dans la plaine, et l’un des quatre guerriers qui y étaient embusqués accourut raconter au métis le meurtre de trois de ses compagnons. Sang-Mêlé frappa la terre du pied avec fureur ; mais il n’hésita plus. Main-Rouge reçut l’ordre de transporter dans le canot qui était amarré dans le passage souterrain du lac le prisonnier toujours évanoui. Le vieux renégat américain, le Chamois et l’Indien échappé à Bois-Rosé, emportèrent Fabian dans leurs bras et attendirent le métis qui devait les rejoindre bientôt.

Ce fut au moment où il était resté seul que Bois-Rosé, de retour de son expédition et debout sur la plate-forme, apparut tout à coup au pirate. La douleur du Canadien indiquait assez que ravir Fabian à sa tendresse, c’était lui enlever la vie.

Toutefois, non content du chagrin déchirant auquel il le voyait en proie, le féroce métis voulait encore y ajouter quelque blessure profonde, quoique non mortelle, pour assouvir la soif de sang qui le dévorait ; mais, convaincu de l’impuissance des armes à feu sous les torrents de pluie qui tombaient, il battit en retraite, ou, pour mieux dire, il prit la fuite.

Au milieu de l’obscurité croissante, à travers le double voile des brouillards et de l’orage, Sang-Mêlé n’eut pas de peine à dissimuler sa trace aux recherches des chas-