Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/424

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aspect l’espoir se fit jour pour la première fois dans le cœur de l’hacendero.

« Voyez plus loin encore, continua sir Frederick, de fidèles et vaillants auxiliaires. »

Et il indiquait à deux cents pas de lui, en amont du fleuve, tous deux à cheval et côte à côte, Diaz et Pepe qui fendaient le courant et gagnaient la rive opposée, et à la même distance en aval, dans un canot dont l’hacendero vit avec surprise l’étrange construction, cinq hommes, parmi lesquels deux athlétiques rameurs qui se courbaient sur leur aviron, pendant qu’un dogue furieux hurlait près d’eux.

L’hacendero reconnut les quatre chasseurs de bisons ; quant au cinquième, celui en comparaison duquel le robuste Encinas ne paraissait qu’un homme de taille ordinaire, don Augustin ne le connaissait pas.

« C’est Bois-Rosé, dit sir Frederick, le coureur des bois du Bas-Canada, qui comme vous, don Augustin, s’est vu enlever un fils, l’espoir et l’amour de sa vie. Il y a encore par là-bas, du côté de l’Étang-des-Castors, un jeune et brave guerrier comanche, leur allié ; et tout ce qu’il est donné à l’homme de faire, ces hommes le feront. »

Le coureur des bois et le chasseur espagnol s’aperçurent réciproquement en même temps, malgré la distance qui les séparait l’un de l’autre, et se firent un signe éloquent et silencieux de la main, comme des gens qui n’ont pas besoin d’échanger des paroles pour se deviner.

« Ah ! celui qui sauvera ma fille sera riche pour le restant de ses jours ! » s’écria l’hacendero d’une voix tonnante pour les exciter.

Le riche don Augustin ignorait que, dans chacun de ces groupes d’hommes déterminés qui, obéissant à la même pensée, traversaient le fleuve au même moment, il y en avait un qui avait dédaigné des trésors auprès