Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/423

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son précieux fardeau, apparut un instant ; don Augustin entrevit le pan de la robe flottante de Rosarita ; mais le ravisseur qui l’emportait disparut subitement derrière les cotonniers.

Au moment où l’hacendero poussait un cri de rage et de douleur quand il eut perdu de vue sa fille bien-aimée, il se sentit jeté à terre par l’étreinte d’une main puissante. Don Augustin ne s’était pas encore rendu compte de cette nouvelle attaque, qu’une balle passa à quelques pouces au-dessus de lui avec un sifflement aigu.

« Vous l’échappez belle ! » dit flegmatiquement une voix à côté de l’hacendero.

C’était Wilson qui avait rampé derrière lui et l’avait violemment culbuté, précisément à l’instant où Main-Rouge l’ajustait sans qu’il s’en aperçût.

« Tenez, reprit l’Américain, voyez-vous le coquin qui s’enfuit, honteux d’avoir manqué son coup ? Ah ! si j’avais eu le temps de recharger ma carabine ! mais je n’ai pensé qu’à vous empêcher d’être brûlé vif et d’avoir ensuite le crâne brisé. »

Pendant ce temps, le dernier cavalier indien prenait terre sur la rive, et Main-Rouge disparaissait de la scène ; il n’était pas seul. Les deux surveillants de Fabian entraînaient le malheureux jeune homme avec eux, malgré ses efforts, et le vieux renégat leur prêtait l’aide de sa force irrésistible.

« Espérez en Dieu, dit la voix grave de sir Frederick, qui s’avançait à son tour sur la rive du fleuve, où l’incendie, malgré la chaleur brûlante qu’il répandait devant lui, venait expirer sur un terrain humide et nu. Il y a là-bas quelqu’un qui veille sur votre fille. Nous cernons ces bandits de tous côtés, et pas un d’eux n’échappera. »

En disant ces mots, l’Anglais montrait à don Augustin, sur la rive où il se trouvait, une vingtaine de ses vaqueros à cheval et échelonnés le long du fleuve. À cet