Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/429

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Encinas contenait à grand’peine son dogue, qui voulait s’élancer vers l’endroit où son odorat subtil sentait les Indiens, quand Bois-Rosé pensa tout à coup à utiliser son instinct. Il tira de dessous sa veste le chapeau défoncé de Fabian, et le remettant à Encinas :

« Essayez, lui dit-il, de faire flairer ce chapeau à votre chien ; c’est le chapeau de celui que je cherche ; j’ai vu en pareil cas ces animaux suivre à la piste des gens dont on ne pouvait retrouver la trace. »

Le chasseur de bisons prit le chapeau des mains du Canadien et en fit sentir l’intérieur à Oso. L’intelligent animal sembla deviner ce qu’on attendait de lui, et après avoir fortement aspiré les émanations qu’avait conservées cette partie du vêtement de Fabian, il s’élança comme un trait dans la direction où Pepe avait reconnu les traces du jeune homme. Arrivé derrière un massif, le dogue donna de la voix pour attirer son maître sur ses pas.

Les chasseurs coururent à cet endroit, où précisément les traces qu’avait signalées Pepe se retrouvèrent empreintes sur le sol humide.

« Marchons maintenant, s’écria Bois-Rosé avec fermeté. En quelque lieu qu’il soit, mort ou vivant, nous saurons toujours le trouver. »

Sir Frederick et son inséparable Wilson arrivaient au même moment, et les neuf hommes réunis allaient s’avancer pour reconnaître la retraite des Indiens, lorsqu’un messager de Rayon-Brûlant se présenta, chargé par le jeune chef de venir chercher du renfort auprès d’eux. Il y avait, dit-il, en face du fourré impénétrable où les Apaches se retranchaient, un ravin assez profond d’où l’on pouvait inquiéter l’ennemi, et dont il était urgent de s’emparer avant lui.

Ayant ainsi rempli son message, l’Indien repartit pour aller porter aux vaqueros l’invitation de traverser la rivière et d’aller prendre position sur la rive en face, afin