Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/428

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présenta que sa présence était indispensable pour maintenir le bon ordre parmi ses vaqueros, peu accoutumés au genre de combats des Indiens. Ce point réglé, l’Américain, après avoir répété plusieurs fois à sir Frederick que c’était de son plein gré qu’il s’exposait au danger, et qu’il cessait d’être responsable momentanément de sa personne, s’empressa de marcher sur ses pas, dans la direction du gué de la rivière.

Pendant ce temps, Pepe et Diaz s’étaient réunis au coureur des bois et aux chasseurs de bisons. Les deux compagnons d’armes, pleins d’anxiété sur le danger que courait Fabian et déterminés à faire les derniers efforts pour le sauver, échangèrent en s’abordant un regard silencieux, mais expressif.

Il vit encore, Bois-Rosé, dit Pepe, qui comprit le langage muet du coureur des bois ; demandez à Diaz. Nous venons de voir derrière un massif de saules, à côté de l’empreinte des pieds de buffles de Main-Rouge, celle des pieds de don Fabian ; elle se dirige vers là-bas. »

L’Espagnol montrait un de ces vastes couverts de cotonniers dont la plaine marécageuse était remplie. Diaz confirma les paroles de Pepe.

« Les coquins se retranchent dans ces massifs que bordent la digue des castors et le bras à moitié sec de la Rivière-Rouge. Tenez, les entendez-vous ? » dit le carabinier.

Un bruit de haches qui frappaient le tronc des arbres retentissait au loin.

« C’est vrai, reprit le Canadien. Si je ne craignais pour la vie de ce pauvre enfant, je rendrais grâces au ciel de nous livrer ainsi ces bêtes féroces dans leur fort ; mais il est affreux de penser que le caprice ou la colère d’un Indien peut trancher ses jours.

– Ils l’oseront moins que jamais maintenant, c’est moi qui vous le dis, reprit Pepe ; la journée ne se passera pas sans qu’ils aient demandé à capituler. »