Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/440

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le fils de l’Aigle et la Colombe-Blanche-du-Lac, et lui offre de les rendre. »

Peu s’en fallut que, dans le mouvement de joie passionnée qui l’envahit tout à coup, le jeune Comanche ne fît explosion par un cri de triomphe échappé à sa bouche malgré l’empire qu’il exerçait sur ses fougueuses passions. Il put cependant se contenir pour cacher l’immense intérêt qu’il prenait à la Fleur-du-Lac, et ne pas rendre le brigand plus exigeant dans ses conditions.

Ce ne fut qu’après une courte pause, pendant laquelle il dut contenir et laisser s’apaiser les battements précipités de son cœur, qu’il put répondre froidement :

« À quelles conditions Sang-Mêlé rendra-t-il le fils de l’Aigle et la Fleur-du-Lac ?

– Il les dira quand une de ses mains pressera en signe d’amitié celle de l’Aigle-des-Montagnes-Neigeuses lui-même, et l’autre celle de Rayon-Brûlant. Les chefs n’ont pas l’habitude de conférer sans se voir, sans lire dans les yeux les uns des autres.

– L’Aigle est absent, et Rayon-Brûlant ne pressera jamais la main d’El-Mestizo, à moins que ce ne soit pour la lui briser.

– Bien, répondit le métis, dont le Comanche ne vit pas l’œil enflammé de haine et le désappointement plein de rage. N’y a-t-il pas quelque autre chef derrière la digue des castors ?

– Avec votre permission, Comanche, je me chargerai des négociations, s’écria Pedro Diaz. Sang-Mêlé, ajouta-t-il à haute voix, il y a ici le chef des chercheurs d’or mexicains, qui en vaut bien un autre, si on le juge d’après quelques actions d’éclat que personne ne lui conteste et le sang indien qu’il a fait couler.

– Nous conférerons ensemble, dit le métis. Puis-je, sur la foi de sa parole, m’avancer seul, sans armes, avec un compagnon armé derrière moi ? Vous en ferez autant de votre côté.