Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/447

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fer infranchissable autour de Fabian. Le Canadien cherchait à se faire jour jusqu’à don Augustin, qui, entouré d’ennemis, frappait d’estoc et de taille de sa longue épée, et il venait enfin de s’ouvrir un passage sanglant jusqu’à l’hacendero, quand le cri terrible d’une voix bien connue retentit derrière lui.

C’était Rayon-Brûlant qui, sanglant, désarmé, mais tenant entre ses bras Rosarita évanouie, se précipita dans la trouée ouverte autour de don Augustin par la hache du Canadien. Le jeune guerrier n’eut que le temps de jeter, pour ainsi dire, avec un hurlement de triomphe, la jeune fille dans les bras du père, et tomba sous les pieds des chevaux.

Tandis que Bois-Rosé se baissait pour protéger celui à qui il devait tant, l’hacendero fit tournoyer son épée autour de sa fille qu’il tenait en travers devant lui, et, mettant l’éperon aux flancs de son cheval, il ne tarda pas à disparaître par le chemin creux hors de la fatale clairière.

Aussi terrible que l’archange des batailles, le Canadien, ses deux jambes écartées comme l’arche d’un pont de pierre, ayant entre elles le corps de Rayon-Brûlant qui perdait son sang par une large blessure, tenait à distance de lui ses ennemis déconcertés. Trop occupé à faire de son corps un rempart au jeune guerrier, il ne vit pas de nouveaux combattants qui venaient de s’élancer du côté de l’Étang-des-Castors sur le champ de bataille jonché de morts.

C’étaient Main-Rouge et Sang-Mêlé repoussés dans leur fuite par Wilson, Gayferos, sir Frederick et les deux Comanches. Les deux pirates blessés, forcés de rebrousser chemin, se trouvèrent en quelques bonds furieux à une longueur d’épée du Canadien et de l’Espagnol.

L’Américain, tout brave qu’il était, sir Frederick, Gayferos et les guerriers de Rayon-Brûlant, également braves, semblaient hésiter à s’approcher des deux ban-