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qu’il arracha : « Pouah ! les corbeaux voudront-ils de cette langue maudite ? » ajouta le ponctuel et implacable chasseur espagnol.



CHAPITRE XXXIV

APRÈS LA VICTOIRE.


À dater du moment qui suivit la mort de Main-Rouge et de Sang-Mêlé, et où les cris de triomphe des blancs et des Comanches apprirent aux Indiens qui résistaient encore que leurs redoutables auxiliaires venaient de succomber, ce ne fut plus, à vrai dire, un combat, mais une déroute sanglante et complète.

Bien peu d’Apaches purent revoir les bords du Rio-Gila ; la perte du côté des blancs fut également cruelle. La moitié des vaqueros de don Augustin resta sur le champ de bataille, où, de quatre-vingts combattants environ qui s’y étaient rencontrés, quarante étaient tombés, sans compter ceux dont les cadavres étaient disséminés dans la plaine ou cachés dans l’épaisseur du bois.

Parmi les morts, on comptait deux des chasseurs de bisons et six des Indiens comanches sous les ordres de Rayon-Brûlant, grièvement blessé lui-même. Bois-Rosé et Pepe, à qui une longue expérience avait appris à panser les blessures soit des armes blanches, soit des armes à feu, avaient donné les premiers soins au jeune guerrier.

L’enterrement des morts, qu’on déposa dans une fosse peu profonde, creusée à coups de hache dans un terrain marécageux, et le transport des blessés près du Lac-aux-Bisons, absorbèrent de longues heures ; le soleil