Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/460

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c’est lui qui a découvert la brèche et le passage jusqu’au centre de la clairière. C’est d’un heureux augure, mon enfant, que cette bienvenue d’un ami fidèle. »

Fabian accepta cet augure favorable, tout en tremblant d’émotion, car il n’y avait plus qu’un rideau de feuillage, une étroite ceinture d’arbres, entre Rosarita et lui :

« Qui va là ? cria la rude voix d’Encinas.

– Un ami, » répondit Bois-Rosé.

Quelques minutes après, les deux voyageurs étaient sur la rive du Lac-aux-Bisons. À l’exception d’Encinas, d’un de ses compagnons, le seul qui fût resté, et de son dogue, la clairière était déserte. La tente de Rosarita, celles de son père et du sénateur ne se reflétaient plus sur la surface du lac ; les maîtres, les serviteurs, tous avaient précipitamment quitté des lieux qui leur avaient été si funestes.

La barrière même du corral était ouverte, et les chevaux sauvages avaient été rendus à la liberté.

Fabian, le cœur défaillant, eut besoin de s’appuyer contre un arbre pour dissimuler la faiblesse de ses jarrets tremblants, et Bois-Rosé, pour la première fois, évita son regard. Nous n’essayerons pas de lire au fond de l’âme du coureur des bois ; peut-être y trouverions-nous une joie secrète qu’il dut toutefois vivement se reprocher, s’il l’éprouva.

L’accueil cordial du chasseur de bisons et les prévenances qu’il fit aux nouveaux venus donnèrent à Fabian le temps de recouvrer son énergie habituelle, sans cependant que la pâleur de ses joues eût tout à fait disparu. Bois-Rosé se chargea pour lui d’interroger Encinas au sujet du départ précipité de l’hacendero et de sa suite, quoique les motifs n’en fussent pas difficiles à deviner.

« Lorsque deux ou trois vaqueros et moi, répondit le chasseur de bisons, sur la prière instante de don Au-