Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/471

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avec les Indiens un dernier et terrible engagement, du résultat duquel il n’augurait rien de bon.

Enfin, la veille il avait demandé quel chemin il devait suivre pour se rendre chez don Augustin, et surtout il avait laissé paraître un vif désir de savoir si doña Rosarita était encore à marier.

Cet homme portait toujours sur la tête un mouchoir à carreaux rouges, dont les plis descendaient jusqu’à ses yeux, et, d’après cette coiffure, on ne le désignait que sous le nom de l’Homme-au-Mouchoir-Rouge.

Cela dit, revenons aux deux voyageurs.

Les nouveaux venus, dont l’arrivée faisait sensation, se dirigèrent, en entrant au préside, vers une des maisons du village, à la porte de laquelle était assis un homme qui charmait ses loisirs la guitare à la main.

L’un des cavaliers s’adressant à lui : « Santas tardes, mon maître, dit-il, voulez-vous accorder à deux étrangers l’hospitalité de votre maison pour un jour et une nuit ? »

Le musicien se leva courtoisement.

« Mettez pied à terre, seigneurs cavaliers, leur dit-il ; cette demeure est la vôtre pour le temps qu’il vous plaira d’y rester. »

C’est tout le simple cérémonial de l’hospitalité encore en usage dans ces pays lointains.

Les cavaliers descendirent de cheval au milieu des oisifs qui s’étaient avancés pour contempler curieusement deux étrangers, nouveauté toujours fort rare au préside de Tubac. Le propriétaire aida silencieusement ses hôtes à desseller leurs chevaux ; mais les curieux n’y mettaient pas tant de discrétion et ne se faisaient pas faute d’adresser aux deux personnages une foule de questions.

« C’est bon ; laissez-nous d’abord soigner nos chevaux, manger un morceau ensuite, puis nous causerons ; mon camarade et moi ne sommes venus que dans ce but. »