Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/472

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En disant ces mots, le cavalier barbu déboucla ses éperons gigantesques, les mit sur la selle de son cheval qu’il déposa, ainsi que les couvertures de laine soigneusement pliées, dans le péristyle de la maison. Le repas des deux étrangers ne fut pas long. Ils revinrent de nouveau sur le seuil de la porte et s’assirent près de leur hôte.

Les curieux n’avaient pas quitté leur poste.

« Je suis, reprit le voyageur barbu, d’autant plus disposé à vous faire savoir à tous le but de notre visite au préside, que nous sommes envoyés par notre maître pour provoquer vos questions. Cela vous va-t-il ?

– Parfaitement, dirent plusieurs voix ; et d’abord, peut-on savoir qui est ce maître ?

– C’est don Augustin Pena, dont vous n’êtes pas sans avoir entendu parler.

– Le propriétaire de l’immense hacienda del Venado, un homme plusieurs fois millionnaire : qui ne le connaît ? répondit un des oisifs.

– C’est cela même. Ce cavalier que vous voyez est un vaquero chargé du soin des bêtes de l’hacienda. Quant à moi, je suis majordome attaché au service des propriétaires. Auriez-vous la bonté de me passer du feu, mon cher ami ? » continua le majordome barbu.

Il ne s’arrêta que le temps d’allumer sa cigarette de paille de maïs, et il reprit :

« Il y a six à sept mois, il est parti d’ici une expédition à la recherche de la poudre d’or. Cette expédition était commandée par un nommé… attendez donc, je l’ai entendu appeler par tant de noms que je n’ai pu en retenir aucun.

– Don Estévan Arechiza, répliqua un des interlocuteurs, un Espagnol comme il n’en est pas venu beaucoup dans ces pays, et qui semblait, à son regard fier, à sa contenance imposante, avoir commandé toute sa vie.