Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/490

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Un autre nom ? Oh ! dites, reprit-elle d’une voix frémissante.

– On l’avait appelé longtemps Tiburcio Arellanos. »

Un cri de bonheur s’échappa du sein de la jeune fille, qui se leva de son siège, s’approcha du messager de la bonne nouvelle et saisit sa main :

« Merci, merci, s’écria-t-elle, quoique mon cœur me l’eût déjà dit. »

Puis elle traversa la salle en chancelant, et vint s’agenouiller sous une madone dans son cadre d’or.

« Tiburcio Arellanos, reprit le gambusino, n’est plus aujourd’hui que Fabian ; et Fabian, c’est le dernier rejeton des comtes de Mediana, une noble et puissante famille d’Espagne. »

La jeune fille priait toujours, sans paraître entendre les paroles de Gayferos.

« Des biens immenses, un grand nom, des titres, des honneurs, voilà ce qu’il déposera aux pieds de la femme qui acceptera sa main. »

La jeune fille continua sa fervente prière sans tourner la tête.

« Et cependant, reprit le gambusino, le cœur de don Fabian de Mediana n’a rien oublié de ce qu’avait appris le cœur de Tiburcio Arellanos. »

Rosarita interrompit sa prière.

« Tiburcio sera ici ce soir. »

Cette fois, la jeune fille ne pria plus. C’était Tiburcio, et non Fabian, comte de Mediana, Tiburcio pauvre et obscur, qu’elle avait tant pleuré. À ce nom seul elle écouta. Honneurs, titres, richesses, que lui importait ? Fabian vivait et l’aimait toujours : n’était-ce pas assez ?

« Si vous voulez vous rendre à la brèche du mur d’enceinte, où, le désespoir dans le cœur, il se séparait de vous, vous l’y trouverez ce soir. Vous rappellerez-vous l’endroit que je veux vous dire ?