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– Oh ! mon Dieu, murmura doucement la jeune fille, comme si je n’y allais pas tous les soirs ! »

Et, toujours inclinée devant l’image de la madone, Rosarita reprit sa prière interrompue.

Le gambusino contempla quelques instants cette ardente et belle créature agenouillée, son écharpe descendue jusqu’à sa taille, les épaules découvertes et caressées par les longues tresses de ses cheveux qui tombaient en souples anneaux sur le sol ; puis il sortit de la salle.



CHAPITRE XXXVII

LE RETOUR.


Quand don Augustin Pena rentra, il trouva sa fille seule et toujours agenouillée ; il attendit qu’elle eût fini sa prière. La nouvelle positive de la mort de don Estévan préoccupait tellement l’hacendero, qu’il attribua naturellement à l’action pieuse de doña Rosarita un tout autre motif que le véritable. Il pensa qu’elle adressait au ciel de ferventes prières pour le repos de l’âme de celui dont on venait d’apprendre la fin mystérieuse.

« Chaque jour, dit-il, et pendant un an, le chapelain dira, par mon ordre, une messe à l’intention de don Estévan, car cet homme a parlé de la justice de Dieu qui s’est accomplie dans le désert. Ces paroles sont graves, et la manière dont il les a prononcées ne me laisse pas de doute sur sa véracité.

– Que Dieu ait son âme, répliqua Rosarita en se levant, et la reçoive dans sa miséricorde si elle a en besoin !