Un instant, cette gracieuse apparition parut se fondre devant Fabian ; mais ce n’était que l’erreur de ses yeux, qui, malgré lui, se couvrirent d’un voile. La vision était toujours à la même place. Quand il eut la force d’avancer, il avança encore ; la vision ne s’évanouit pas.
Le cœur du jeune homme fut au moment de se briser dans sa poitrine ; car une idée horrible traversa son âme ; il pensa qu’il n’avait plus devant lui que l’ombre de Rosarita… et il eût mieux aimé mille fois la savoir dédaigneuse et impitoyable, mais vivante, que de la voir, morte, lui apparaître comme une ombre gracieuse et bienveillante.
Une voix, dont le timbre délicieux vibra à son oreille comme une note tombée du ciel, ne put dissiper son illusion, car cette voix disait :
« C’est vous, Tiburcio ? Je vous attendais. »
La clairvoyance d’un esprit de l’autre monde ne pouvait-elle pas seule deviner son retour de si loin ?
« Est-ce vous, Rosarita ? s’écria Fabian d’une voix éperdue, ou n’est-ce qu’une vision trompeuse qui va s’évanouir ? »
Et Fabian restait immobile et cloué au sol, tant il redoutait de voir disparaître cette douce image.
« C’est moi, c’est bien moi, dit la voix.
– Oh ! mon Dieu ! l’épreuve sera plus redoutable encore que je n’osais le penser, » se dit Fabian.
Et il fit un pas ; mais il s’arrêta : le pauvre jeune homme n’espérait plus rien.
« Par quel miracle du ciel vous retrouvé-je ici ? s’écria-t-il.
– J’y viens tous les soirs., Tiburcio, » répliqua la jeune fille.
Cette fois Fabian se prit à trembler plus fort d’amour et d’espoir.
Rosarita, nous l’avons vu, lors de sa rencontre avec Fabian, avait préféré s’exposer à mourir plutôt que de