« Il ne me reste plus qu’un obstacle maintenant, reprit le chasseur : le père de cette angélique créature.
– Demain il attend son fils, interrompit à voix basse Rosarita, dont la lune éclaira cette fois la rougeur.
– Eh bien ! laissez-moi bénir le mien, » dit le Canadien.
Fabian s’agenouilla devant le chasseur.
Celui-ci ôta son bonnet de fourrure, et levant vers le ciel étoilé ses yeux humides :
« Oh ! mon Dieu, dit-il, bénissez mon fils, et faites que ses enfants l’aiment comme lui-même a aimé son vieux Bois-Rosé. »
Le lendemain de ce jour, l’illustre sénateur s’en retournait tristement vers Arispe.
« Je savais bien, se disait-il, que je pleurerais toujours ce pauvre don Estévan. Il me resterait du moins encore de la dot de ma femme un titre d’honneur et un demi-million. Son absence a tout gâté. C’est certainement un grand malheur que don Estévan soit mort. »
Quelque temps après, une hutte d’écorce et de troncs d’arbres s’élevait sur une clairière bien connue du lecteur. Bien souvent Fabian de Mediana y faisait un pieux pèlerinage avec la jeune femme que les doux liens du mariage lui avaient donnée pour compagne.
Plus tard, bien plus tard, un de ces pèlerinages eut-il pour but d’aller réclamer le bras des deux intrépides chasseurs pour une excursion au val d’Or ou un voyage en Espagne ? Nous le dirons peut-être un jour ; mais qu’importe ? Bornons-nous, pour le moment, à dire que, si le bonheur dans ce monde n’est pas une vaine illusion, on aurait pu en trouver la réalité à l’hacienda del Venado, près de Fabian et du COUREUR DES BOIS.