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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/163

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faite par le poignard sûrement dirigé de quelque bandit bien exercé, et cette plaie, au premier aspect, semblait mortelle. De tous les diamants qui étincelaient au cou et aux oreilles de la jeune créole, pas un n’était resté. La malheureuse femme n’avait donc trouvé qu’un assassin au lieu d’un amant et le vol suivi l’assassinat. Les cris du cocher ne tardèrent pas à attirer la foule, parmi laquelle se trouva heureusement un médecin qui constata que la victime vivait encore. Dès-lors il ne s’agit plus que de la transporter au couvent le plus proche, et c’est ce qu’on fit. Ce couvent était celui des Bernardines. Ce premier devoir d’humanité rempli, la tâche de la justice commença ; mais, tandis que les médecins ramenaient à la vie, par des soins intelligents, la malheureuse femme, les juges ne virent pas leurs poursuites contre l’assassin couronnées du même succès. On arrêta d’abord le cocher, et on dut le relâcher bientôt après avoir reconnu sa parfaite innocence. On arrêta ensuite un jeune Espagnol dont les assiduités et les galanteries auprès de la créole n’étaient un secret pour personne. Celui-ci apprit ainsi à la fois l’infidélité et la mort de celle dont il voulait faire sa femme. Ce fut un coup affreux.

Ici la voix de don Tadeo trembla visiblement.

– Et peu s’en fallut qu’il n’en perdît la raison.