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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/164

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Au bout d’un an, poursuivit le licencié, l’Espagnol fut relâché faute de preuves ; mais il sortait de prison ruiné par les frais de justice et le cœur privé de ses plus chères illusions. Il sut alors que celle qui l’avait trompé, et qu’il avait pleurée comme morte vivait encore, mais qu’elle avait renoncé au monde et pris le voile dans le couvent même où elle s’était vue recueillie après l’événement du parc. Il ne fit aucune tentative cependant pour la voir ; mais tous ses efforts, toutes ses pensées n’eurent plus qu’un seul but, la vengeance. La justice mexicaine n’avait pas su découvrir l’assassin : il se promit de continuer les poursuites trop tôt abandonnées, et de réussir là même où la coupable indolence des juges avait déclaré le succès impossible.

Ici le licencié fit une pause ; le glas des Bernardines tintait toujours, et je commençais à comprendre l’émotion qu’éveillaient en lui ces sons lamentables.

— Cet Espagnol, vous l’avez deviné, c’est moi. J’avais pu dérober au dossier de cette lugubre affaire une lettre trouvée sur la jeune fille, dans laquelle on lui assignait le rendez-vous où l’on avait médité sa mort. Ce fut alors le seul fil à l’aide duquel je pus me diriger dans le sombre labyrinthe où la justice mexicaine s’était égarée. Dès lors commença dans ma vie une période ténébreuse et