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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/165

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agitée que la mort seule pourra finir. Je me résignai à vivre au milieu des voleurs et des meurtriers, dans l’espoir d’arriver, par leurs révélations, à la connaissance du secret qui m’absorbait. Sous prétexte d’exercer ma profession de légiste, j’allai au-devant de toutes les affaires qui m’offraient une occasion d’interroger ces misérables, de pénétrer dans leurs tavernes et dans leurs repaires. Dès lors il ne se commit plus dans Mexico un crime dont je ne pusse au besoin dénoncer l’auteur à la justice. Les plus secrètes associations de malfaiteurs n’eurent pas de mystères pour moi. Vous avez peut-être entendu parler de cette bande des Ensebados qui, pendant toute une année, répandit la terreur dans la capitale mexicaine. Les Ensebados étaient des hommes qui, la nuit, après avoir enduit leur corps nu de suif ou d’huile, se précipitaient sur le passant attardé pour le dépouiller ou le frapper de leurs poignards. Un seul de ces bandits, aussi insaisissable qu’un reptile, pouvait échapper aux efforts d’une troupe de soldats vigoureux. Eh bien ! le chef des Ensebados, je le connaissais ; il n’a pas quitté Mexico, et encore aujourd’hui je puis le nommer quand besoin sera. Je ne vous cite là qu’un exemple de ces singulières découvertes ; je pourrais vous en citer mille. Grâce à cette vie de recherches incessantes et périlleuses, j’acquis une