Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/202

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oiseaux maudits que leur plumage confondait avec la verdure des arbres, et je tirai au hasard l’un de mes pistolets sur les branches entrelacées au-dessus de nos têtes. J’eus la satisfaction fort inespérée de voir un des perroquets tomber en se débattant à nos pieds. Le Jarocho me regarda d’un air d’étonnement inquiet.

– L’aviez-vous visé, par hasard ? me demanda-t-il.

– Sans doute, lui répondis-je brusquement, et ceci doit vous prouver qu’il y a quelquefois du danger à rallier les gens avant de les connaître.


À ces mots, le Jarocho arrêta son cheval, et, se campant assez fièrement, le poing sur la hanche, tandis que de l’autre main il enfonçait son chapeau de paille sur sa tête, il s’écria :

— Écoutez, seigneur inconnu, je suis d’une caste et d’un pays où la parole est courte et la main prompte. Je n’ai pas eu l’intention de vous offenser ; mais, si c’est une querelle que vous me cherchez, vous avez trouvé votre homme ; malgré la disparité de nos armes, j’essaierai de faire de mon mieux.

Et fidèle à l’habitude de ses pareils, qui ne manquent jamais d’appeler la poésie au secours de leur valeur, il se mit à chanter d’une voix plus éclatante qu’harmonieuse le couplet suivant :