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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/203

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A eso mi competidor
Dile que llevo cortante
Que si tiene jierro y valor
Que se me pare delante[1].

Puis il dégagea sa lame affilée de l’anneau de cuir qui lui tenait lieu de fourreau et mit sa flamberge au vent. À son exemple, je dégainai mon sabre.

Une rencontre au milieu des solitudes américaines, avec les oiseaux des bois pour uniques témoins, avait son côté chevaleresque ; mais les chevaux que nous montions l’un et l’autre juraient si fort par leur encolure décharnée et leur allure pacifique, avec nos dispositions belliqueuses, qu’au moment même de croiser le fer, nous ne pûmes, en nous toisant, garder notre sérieux. Le fou rire qui s’était déjà une fois emparé de nous nous reprit de plus belle. Je fut le premier cependant à retrouver mon sang-froid, et je me hâtai de dire au Jarocho qu’après sa protestation contre toute pensée d’offense à mon égard un duel entre nous n’avait plus de motif sérieux et ne pouvait s’expliquer que par des préten-

  1. « Si je trouve un compétiteur, — je sais manier mon épée ; – s’il a du fer ou du cœur, – il verra qu’elle est bien trempée. » Ces mauvaises rimes peuvent traduire fidèlement l’espagnol.